CONGRES FEMININES
En Égypte, jusq'au début du XXe siècle, les dames appartenant à l’aristocratie et à la bourgeoisie n’avaient aucun rôle politique ou social. Après son mariage (conclu entre les deux familles), la jeune femme se vouait à son foyer, obéir aux diktats de son mari, s'occuper de ses enfants et sortir voilée.
Hoda Charaoui, née en 1879 , dont le nom en Égypte est synonyme de révolte, refuse alors ce statut de figurante.
Originaire de Minièh (Moyenne-Égypte) dans une famille riche, elle reçoit une excellente éducation, et s’exprime parfaitement en français, la langue de l’élite. Très jeune, elle épouse Charaoui Pacha, son cousin, un homme politique d’esprit ouvert. Membre du parti Al-Wafd, laïque et libéral, celui-ci consent à l’associer dans la lutte contre la tutelle britannique. Elle ne séparera jamais la cause des femmes de son combat patriotique.
UNE LUTTE À VISAGE DÉCOUVERT
En 1922, Houda Chaaraoui fonde un mouvement féministe qui connaîtra un grand essor, puis une revue mensuelle, L’Égyptienne. Sa meilleure amie, Céza Nabaraoui, en devient la rédactrice en chef. La même année, elles se rendent à Rome pour assister à un Congrès international féminin. Peu avant d’arriver à Naples, elle décide d’ôter son voile, et Céza l’imite. Elles participeront au Congrès à visage découvert.
Sur le chemin du retour, en 1923, au large d’Alexandrie, Houda Chaaraoui remet son voile. Soudain, et avant d'arriver au port elle l’enlève d’un geste brusque. Elle ne trichera pas, et poursuivra sa lutte à visage découvert. Céza Nabaraoui suit son exemple. Cet acte spectaculaire vaut à Houda Chaaraoui une renommée internationale.
Doria Chafiq
En 1947, à l’heure où Houda Chaaraoui s’éteint à l’âge de 68 ans, la lutte féminine a déjà une nouvelle championne : Doria Chafiq. Auteure d’une thèse présentée à la Sorbonne sur La Femme dans l’Islam. Doria Chafiq dirige un hebdomadaire "fatat l Nil "de langue arabe qui lutte pour la libération féminine.
Elle fonde un mouvement politique, Bint El Nil, qui comptera très vite de nombreux membres. En 1951, elle organise une manifestation composée de 1 500 femmes qui prend siège devant le Parlement, puis pénètre dans l’hémicycle et demande aux députés d’accorder aux femmes leurs droits. Le roi Farouk consent; l’Assemblée confère aux femmes le droit de voter et d’être élues.
Arrivé au pouvoir en 1956, Le Parti Unique interdit le mouvement de Doria Chafiq et la livre au prison.
En 1975 elle met terme à sa vie.